Transition numérique : l’Union Européenne dépassée ?
- Pierre Dengremont
- 15 mars 2021
- 11 min de lecture
En 2016, Klaus Schwab, fondateur du célèbre Forum économique mondial de Davos, publiait La Quatrième révolution industrielle. Comme les trois précédentes (machine à vapeur, électricité et informatique), elle signifie une accélération et une intensification de la production et des échanges. La quatrième révolution industrielle serait, quant à elle, fondée sur la transition numérique. Il s’agit du développement technologique appuyant le transfert des activités de production de biens et de services vers le secteur du numérique. Cette transition repose notamment sur l’intelligence artificielle, l’universalité d’Internet, la 5G et les technologies quantiques.

Si la transition numérique de la société française semble bien enclenchée, et que l’usage d’Internet et des nouvelles technologies est devenu omniprésent dans les chaînes de production de biens et de services, l’Union Européenne accuse un retard certain sur les deux autres géants du commerce mondial : les Etats-Unis d’Amérique et la République Populaire de Chine. La structure de l’industrie numérique en Europe repose principalement sur les géants américains, les célèbre GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple, auxquels s’ajoute parfois le « M » de Microsoft). La Chine, quant à elle, a développé ses propres géants du numérique, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), en pratiquant une politique protectionniste en faveur du numérique, et en bénéficiant de son gigantesque marché intérieur et de son influence en Asie.
Cette transition numérique, déjà bien engagée avant la pandémie de la Covid-19, s’est trouvée accélérée, notamment par la généralisation du travail à distance, dès lors qu’il était possible. La pandémie a, en les accentuant, mis en lumière certaines limites de nos sociétés et certaines tendances à l’œuvre. Le numérique est d’ores et déjà au cœur de ces problématiques, aussi bien sur le plan sociétal, que sécuritaire et écologique. A partir de cette considération de « quatrième révolution industrielle », nous vous proposons un état des lieux non exhaustif des problématiques propres à l’Union Européenne, ainsi que la façon dont elles s’inscrivent dans les relations géopolitiques à l’échelle internationale. L’Union Européenne s’est déjà saisie de ces enjeux, c’est pourquoi nous établirons une vue d’ensemble de sa posture et des pistes envisagées pour aborder ces enjeux liés au numérique. Enfin, nous vous proposons quelques pistes de réflexion afin d’ouvrir les horizons liés à cette problématique.
La pandémie de la Covid-19 exacerbe les tensions sous-jacentes du modèle européen
La pandémie de la Covid-19 a mis en évidence les fragilités inhérentes au fonctionnement de l’Union Européenne : dépendance importante aux pays étrangers, et notamment à la Chine, pour l’approvisionnement en produits stratégiques, notamment en masques et médicaments. C’est le cas également pour les terres rares (essentielles à la fabrication des nouvelles technologies, et notamment des batteries). La pandémie n’a pas tant créé de nouveaux problèmes qu’elle a révélé et renforcé des tendances préexistantes. Elle a donc – et c’est un moindre mal – permis une prise de conscience accrue de la part des décideurs européens. Nous avons ainsi vu se frayer un chemin dans les discours les termes d’« autonomie stratégique » et de « souveraineté économique ».
Parmi les leaders européens, la France était déjà favorable à une telle ligne, au contraire de l’Allemagne, plus frileuse et partisane d’un repli derrière les Etats-Unis. Ces positions divergentes se comprennent notamment en raison de l’histoire contemporaine de ces pays. Mais désormais, même les Allemands rejoignent ce discours. La Commission Européenne a également changé sa posture, passant de son triptyque traditionnel (libre-échange, recul de l’Etat, protection sociale) à une posture plus prudentielle. Elle incite en effet les Etats-membres de l’Union Européenne à renforcer leur surveillance et leur contrôle sur les investissements directs à l’étranger (IDE).
La nécessité de définir certains secteurs stratégiques à protéger s’est faite évidente : la santé, la défense, l’alimentation, les matières premières. Le plan de relance « NextGenerationEU », associé au cadre de financement pluriannuel 2021-2027 est, dans ce contexte, perçu et conçu par l’Union Européenne comme un outil d’adaptation à ces problématiques. La nouvelle présidente de la Commission Européenne, l’allemande Ursula von der Leyen, fait de la transition numérique une des lignes majeures de la politique européenne pour la période 2021-2027, comme en témoigne le vote du plan de relance NextGenerationUE et du cadre financier pluriannuel (voir infographie ci-dessous).

Source : Consilium Europe
Loin de tendre vers le protectionnisme et le repli national, l’Union Européenne prône un raccourcissement des chaînes de valeur vers une échelle plus proche de celle du Marché unique, quand cela est possible, ce qui est par ailleurs compatible avec ses objectifs de transition écologique.
L’Union Européenne a ainsi pris conscience avec plus d’acuité, d’une part que les Etats-Unis ont à cœur de défendre d’abord leurs intérêts. La présidence de Donald Trump l’a montré avec fracas, mais le pivot américain vers l’Asie était déjà entamé par Barack Obama, et est peu susceptible de changer sous la présidence de Joe Biden. Un apaisement des relations est toutefois à espérer. D’autre part, l’Union Européenne a constaté que le manque de protection de ses entreprises, au nom de la concurrence libre et non faussée, les a rendues bien trop vulnérables aux assauts de puissances ne respectant pas les règles du jeu.
C’est notamment le cas de la Chine, qui pratique efficacement une stratégie de rachat d’entreprises afin d’en obtenir les technologies et savoir-faire. Son objectif affiché est d’arriver à faire jeu égal en termes de maîtrise technologique, avec les Etats-Unis, puis à les dépasser, dans une logique d’augmentation de sa puissance. La problématique de la transition numérique, et notamment de la 5G, constitue une excellente illustration des enjeux auxquels va devoir faire face l’Union Européenne dans les années à venir.
La transition numérique, enjeu de survie pour l’UE
Nous l’avons dit, la transition numérique repose sur quelques technologies. Il s’agit particulièrement de la 5G (qui fait parler d’elle dans le débat public, quant à sa dangerosité réelle ou supposée sur le plan sanitaire), de l’intelligence artificielle (IA) et du quantique. La 5G s’appuie sur des bandes de fréquence plus élevées que celles des générations précédentes (jusqu’à la 4G). La 4G s’est vue attribuer les bandes de 700 MHz et de 2,1 GHz, sur lesquelles sera également déployée la 5G. Cette dernière s’est vue attribuer en exclusivité la bande des 3,5 GHz, permettant un compromis entre débit et portée du signal.
En pratique, plus la fréquence est élevée, plus le débit est bon, et plus le signal est fragile. Le meilleur débit pour la 5G, pouvant aller en théorie jusqu’à 20 Gbit/s, se situe sur la fréquence des 26 GHz, pour l’instant réservée à l’expérimentation et fermée à l’exploitation commerciale.
Cette parenthèse technique est nécessaire pour comprendre un aspect important de cette nouvelle technologie : elle repose sur des fréquences hertziennes plus élevées, offrant un meilleur débit, mais un signal plus fragile. Pour garantir un signal stable, il est donc nécessaire d’installer un maillage d’antennes réseau bien plus resserré que pour la 4G. Pour l’utilisation des ondes millimétriques (entre 30 et 300 GHz, et d’une longueur d’onde située entre 1 et 10 mm), il est question de dizaines de milliers d’antennes relais supplémentaires dans les villes. Le déploiement de cette technologie est donc très coûteux. C’est pourquoi les très hautes fréquences sont pour l’instant réservées à l’expérimentation, et seront sans doute, dans un avenir proche, inaccessibles aux particuliers.
Le très haut débit permis par la 5G offre de nombreuses perspectives, notamment l’accélération et l’automatisation de plus en plus efficace des chaînes de production, aidées en cela par le perfectionnement de l’intelligence artificielle. La technologie quantique, quant à elle, est déjà utilisée dans la vie quotidienne : la mémoire flash des lecteurs SSD et des clés USB repose sur l’effet tunnel : un principe de physique quantique qui permet d’écrire dans leur mémoire et de la conserver sur des supports mobiles privés d’alimentation électrique pendant une très longue durée.
Par ailleurs, les technologies quantiques présentent un intérêt pour le domaine militaire. Ainsi, certains Etats ont pour ambition de développer des transmissions via des signaux reposant sur des principes quantiques. De telles transmissions, si elles étaient rendues possibles, seraient inviolables. En effet, toute interception revenant à faire une « observation » du signal, le détruisant aussitôt (le signal perdant ses propriétés quantiques en raison de l’observation).
L’intérêt stratégique d’une telle technologie est évident, mais son développement et son utilisation ne sont pas encore à l’ordre du jour. La 5G, en plus d’être la technologie la plus médiatique, est aujourd’hui le cœur d’une lutte d’influence entre puissances mondiales, avec, au premier plan, la Chine et les Etats-Unis d’Amérique, chacun disposant d’entreprises étant en mesure de déployer la technologie 5G. C’est le cas dans l’Union Européenne également : les entreprises Nokia et Ericsson sont à même de construire et installer les antennes 5G, de même que le géant japonais Fujitsu.
Le fait est que le principal constructeur chinois, Huawei, propose des tarifs, à qualité égale, inférieurs de 20% à ceux de ses concurrents. Cette entreprise est donc la plus compétitive, ce qui explique qu’elle ait accaparé 30% du marché européen, quand Nokia et Ericsson n’obtiennent que 11,5% du marché chinois pour la 5G (alors qu’ils en avaient 25% pour la 4G).
Vers une cyberguerre économique ?
La Chine dispose de plusieurs armes de guerre économique efficaces : une réglementation obligeant ses entreprises à lui fournir les données de ses utilisateurs, et le rachat d’infrastructures et d’entreprises étrangères via la Belt and Road Initiative (les nouvelles routes de la soie). L’omniprésence à prévoir de la 5G dans les communications privées, publiques, dans les technologies d’urbanisation (éclairage, signalisation), dans l’industrie et dans le domaine militaire rend nécessaire une maîtrise des données transitant par ce biais. Sans cela, la Chine pourrait avoir accès à des données stratégiques sur quantités d’aspects, aussi bien sociaux qu’économiques et militaires.
Les Etats-Unis ont interdit à Huawei de déployer des antennes 5G sur son territoire, et incite ses alliés à faire de même. Pour le moment, seul le Japon a suivi. En effet, l’Union Européenne n’a pas adopté de position unique sur ce sujet, et la compétitivité de Huawei est un argument de poids pour l’implantation de ses antennes 5G sur le territoire européen. Par ailleurs, certains États européens sont plus favorables à la Chine, en raison des investissements qu’elle pratique sur leurs territoires. C’est particulièrement le cas en Europe du Sud, qui est plus faible économiquement que l’Europe du Nord. Le rachat du port du Pirée, en Grèce, par des investisseurs chinois, est emblématique de ce phénomène.
Dans cette guerre économique, les Etats-Unis disposent eux aussi d’outils offensifs performants, outre l’oligopole de certaines de ses entreprises (les GAFA, pour ne pas les citer). Le plus connu d’entre eux est l’extraterritorialité du dollar. Cela expose les transactions entre acteurs non-américains, effectuées en dollars, au droit américain. L’utilisation fréquente du dollar dans les échanges internationaux rend cet outil redoutablement efficace. Dans le cadre des sanctions commerciales à l’égard de l’Iran, l’Union Européenne s’est ainsi trouvée dans une position inconfortable, plusieurs contrats étant ainsi sabordés. Elle a réussi à développer un mécanisme de contournement de ces sanctions, via une chambre de compensation : l’Instex. Instex est une société qui, via son équivalent iranien, permet de réaliser des échanges sans passer par le dollar. Cependant, l’exemple des sanctions américaines sur le projet du gazoduc NorthStream2 avec la Russie témoigne malgré tout de la grande vulnérabilité de l’Union Européenne vis-à-vis des sanctions économiques américaines.
Le politologue Graham Allison s’est rendu célèbre pour son analyse du conflit entre la Chine et les Etats-Unis. Il parle de « piège de Thucydide », du nom du célèbre historien grec qui raconta la guerre du Péloponnèse opposant Sparte à Athènes. Ce piège désigne une confrontation entre une puissance dominante mais sur le déclin et une puissance émergente en pleine ascension. La peur de la puissance dominante de se faire dépasser, et la quête de puissance bien compréhensible de son antagoniste les mènent inexorablement vers un conflit. Dans le cadre de la Chine et des Etats-Unis, ce conflit se situe pour l’instant sur le champ de bataille économique et de l’influence politique au niveau international. Le risque pour l’Union Européenne, puissance sur le déclin, est, dans ce contexte de « repolarisation » de la géopolitique, d’être reléguée au rang d’Etat-client de l’une ou l’autre de ces puissances, sans doute les Etats-Unis, au regard des éléments actuels.
L’Union Européenne est donc partagée entre suivre son allié américain, au risque d’être affaiblie financièrement et en retard technologiquement, ou laisser la Chine s’installer plus profondément sur son territoire, avec le risque de se voir encore plus dépossédée d’une partie croissante de ses savoirs-faires, de ses technologies, de ses professions qualifiées (la fameuse « fuite des cerveaux », ou brain drain, qui est pour l’instant essentiellement dirigée vers l’Amérique du Nord), voire espionnée. L’Union Européenne semble pour le moment privilégier un entre-deux, en circonscrivant la 5G chinoise au secteur des communications, afin de protéger l’industrie et la défense.
Afin de continuer à faire entendre sa voix, l’Union Européenne, qui reste le premier marché du monde en termes d’échanges, en plus de développer sa politique de souveraineté économique, tend à développer ses « champions », de grandes entreprises à même de concurrencer les géants américains et chinois. Un des exemples les plus récents est la création du groupe de construction automobile Stellantis, issu de la fusion du français Peugeot et de l’Italien Fiat-Chrysler, et se hissant au sixième rang des constructeurs mondiaux (au lieu de la quatrième place attendue). L’Union Européenne caresse également le projet de « champions » dans d’autres secteurs, comme celui des batteries électriques ou des télécommunications (avec les groupes Nokia et Ericsson).
L’Union Européenne fait donc face à plusieurs périls :
La dilution : cela désigne un affaiblissement de ses institutions, car ses Etats-membres, devant le danger, se raidissent sur leurs souverainetés nationales et renforcent leur protectionnisme économique.
La dissolution : le renforcement de la volonté européenne de développer sa souveraineté propre nécessitant une intégration renforcée pour un meilleur pilotage, risque de laisser quelques Etats sur le bord du chemin, soit car ils ne pourront pas suivre le rythme, car trop faibles, soit parce que cela effraye leurs dirigeants ou leurs opinions publiques, engendrant d’autres Brexit.
La disparition : le manque de volonté politique et d’efficacité induit par le fonctionnement même de l’Union Européenne l’empêchera d’adopter des mesures véritablement efficaces pour éviter de basculer sous la coupe de l’un ou l’autre des hégémons s’affrontant. L’UE deviendrait un Etat-client, plus réellement en mesure de décider librement de son destin.
L’horizon 2030, une période décisive pour l’avenir de l’UE
La pandémie de la Covid-19 a renforcé ces menaces pesant sur l’Union Européenne, en même temps que d’autres : tentation populiste, repli identitaire, perte de confiance des citoyens. Cette même pandémie représente, paradoxalement, en même temps, une occasion d’adaptation, sinon de transformation, de l’Union Européenne, afin de lui permettre de continuer à défendre les intérêts de ses citoyens. L’exemple de la transition numérique illustre bien les dangers et les opportunités pesant sur l’Union Européenne, mais sa nature même de catalyseur des tendances économiques rend de plus en plus urgente la nécessité d’une action commune coordonnée.
Un retard dans ce domaine est quasiment irrattrapable et signerait le basculement de l’Union Européenne sous l’influence, sinon définitive, en tout cas considérablement accrue, des Etats-Unis ou de la Chine. La « quatrième révolution industrielle » étend la guerre économique au champ de la cyberguerre, avec ce que cela comporte de flou et d’imprévisibilité. Dans ce contexte de repolarisation de la géopolitique, l’Union Européenne représente plus que jamais l’opportunité d’une troisième voie, aux côtés d’autres Etats, comme le Japon. La décennie qui s’ouvre s’avère d’ores et déjà déterminante pour discerner la capacité qu’elle aura à défendre ses intérêts propres. Quoi qu’il en soit, l’ère de la « mondialisation heureuse » se trouve définitivement close par la pandémie de la Covid-19.
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